Un article traduit dans le journal Suriname donne un aperçu du recrutement du groupe qui a été exhibé en 1882. René Langlois s’est rendu en Guyane pour le compte du Jardin d’Acclimatation pour réunir un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants. Son texte parut initialement dans Le Clairon le 6 mai 1882, jour où il quitta Saint-Nazaire pour Paramaribo. Langlois a commencé son récit en disant que la direction du Jardin recherchait un groupe « au moins aussi inconnu » que les douze habitants de la Terre de Feu exposés en automne 1882. L’intérêt pour le groupe était si grand qu’ils « mobilisèrent tout Paris ». 1 Ce commentaire illustre des considérations du Jardin. Un des enfants appartenant au groupe « Fuégiens » est décédé lors de l’exhibition dans le parc. Quatre autres membres du groupe sont morts de la rougeole à Zurich. 2 Apparemment, cela n’a pas empêché la recherche d’un succès ultérieur.
Langlois est arrivé à Paramaribo et s’est rendu en Guyane en dix-huit jours: « un pays où ni les Européens ni même les colons ne pénètrent. … C’est par des dons d’armes à feu, de tissus, de verrerie et de toutes sortes de bagatelles que les indigènes décident de nous suivre. » 3 Langlois a également mentionné que tout le voyage a été financée par la Société des Mines d’or de la Guyane Hollandaise.En guise de contre-faveur, il cartographierait plus précisément le cours du fleuve Suriname. 4

« Sauvages »
Dans la suite des reportages de la presse française, le nom de Langlois n’apparaît plus, mais le marquis Gabriel de Lagrange, membre du conseil d’administration de la Société des Mines, est mentionné. Le quotidien La Charente a rapporté que Lagrange avait descendu le fleuve Sinnamary à la recherche d’Ahieramo, un leader très apprécié de tous les groupes guyanais et connu des autorités françaises sous le nom de Simon. Ahieramo s’est avéré mort, mais Lagrange a convaincu sa veuve, ses enfants et petits-enfants – un groupe de quatorze personnes. 5
Les journaux parlaient de Galibi, les sauvages. Le lendemain de l’arrivée du groupe, la Société d’Anthropologie a commencé par des mesures physiques. Dans les premières mesures, les anthropologues ont déterminé sur la base de la taille du crâne et des angles de vision que les gens étaient en fait originaires des Caraïbes.6 Le Rigolo a parlé d’un immense manque de civilisation:
« Les Galibis sont encore dans l’enfance de l’humanité et quand on considère ces êtres sans cultures, ses intelligences recherchent une idée morale n’eveille encore, ces hommes qui, au milieu de notre civilisation ressemblent à des bètes on est forcé de songer au nombre incalculable depuis longtemps qui ont été nécessaires à notre amélioration progressive. C’est de là que nous sommes partis, voici maintenant ce que nous sommes. Comment peut-on mieux prouver la perfectibilité humaine? » 7

Campagne de journaux
Le ton des articles a changé après la fin de l’exhibition au Jardin d’Acclimatation. Le groupe serait exhibé d’août à octobre pour retourner à Paramaribo en bateau le 6 octobre 1882. Au lieu de cela, ils ont été transférés à Bordeaux, où ils ont été exhibés au Parc de l’Exposition. Le quotidien La France a dénoncé cette pratique sous le titre « La traite en France ». L’article de journal comprenait une lettre de l’interprète du groupe, La Paix. L’interprète s’est adressé au procureur de Paris dans sa lettre, précisant que Lagrange avait l’intention de montrer le groupe après Bordeaux à Marseille et peut-être organiser une tournée européenne. L’arrivée du froid fit craindre à La Paix pour la santé du groupe. Cependant, la Société des Mines l’avait convoqué de retourner pour la Guyane sans le groupe. 8

Plusieurs journaux ont adopté le rapport de La France. 9 Le Petit Parisien a parlé d’une « question de l’humanité: « Les Galibis sont des sauvages; tres bien, mais encore devrions-nous exiger que ceux qui les exhibent ne fussent pas plus sauvages qu’eux! » 10 Le journal La Lanterne s’est exprimé plus vigoureusement: « Espérons que la justice française ne tolerera pas plus longtemps que l’esclavage s’épanouisse aussi impunement sur notre sol. » 11
Pour renforcer son plaidoyer, le quotidien La France a publié une lettre d’un ancien médecin d’un navire de la marine française qui avait passé dix ans en Guyane. Il avait rendu visite au groupe lors de l’exhibition au Jardin d’Acclimatation. Ici, ils s’étaient plaints de leur emprisonnement, car ils devaient rester à l’intérieur de leur enclos en dehors des heures où le public pouvait les voir. 12
Lagrangre a décidé le 6 novembre 1882 que le groupe reviendrait à leurs «forêts indigènes», « en grande partie due à la campagne que nous avons entreprise », selon l’éditeur de La France. 13